Teaser image

My Tech #1: "On risque d’oublier que l’outil de routage en navigation n’est qu’un modèle"

On part à la rencontre de Felix Oberle, navigateur de voile professionnel et ingénieur mécanique. Ce jeune marin d’Aarau nous fera découvrir la technologie d’optimisation de routage de navigation et nous parlera du rôle crucial du savoir-faire humain dans l’utilisation de la technologie.

Ma Tech expose la technologie dans des métiers insoupçonnés. Comment est-ce que les avancées technologiques font leur chemin dans les professions les plus improbables ? Nous rencontrons les individus qui fusionnent technologie et tradition dans leur travail au quotidien et jetons un coup d'œil dans leur réalité imprégnée de technologie.

#1: Felix Oberle, navigateur de voile professionnel et ingénieur mécanique

Quelques mots sur toi et sur ton métier.

Ben, je suis Felix et j’ai grandi à Aarau. Je navigue depuis que je suis tout petit. J’ai poursuivi des études à l’EPFL d’ingénieur mécanique, mais la navigation est la passion qui m’a suivi toute ma vie. Ma passion technique qui s’est un peu avérée était l’analyse des données des sportifs et de la performance, et j’ai suivi l’équipe suisse de ski à Balgrist. C’est en faisant ma partie ingénieure dans les équipes professionnelles que j’avais envie de vivre un projet sportif moi-même et j’ai commencé à naviguer à plein temps. Ça m’a accroché pour l’instant.

Quelle est ta technologie préférée ? Comment fonctionne-t-elle ?

La voile est un sport très technique, dans toutes ses facettes. Ce qui me fascine le plus est l’optimisation de la meilleure route en fonction du bateau et de la météo : l’outil de routage. C’est un logiciel assez développé. D’abord, on entre les prévisions météorologiques comme le vent, la taille des vagues…en prévision bien sûre, cela ne reflète pas forcement la réalité. Après, il faut aussi connaitre le bateau, comment il avance, sur chaque allure, avec quel vent, selon l’état des vagues. Le troisième point : le logiciel sait éviter les côtes. Finalement, on entre l’angle de balayage. L’algorithme prend en compte toutes ces informatinos et calcul les positions possibles toutes les heures, sur un système de réseaux maillés et en interpolant. Avec tout ceci, le logiciel calcul la meilleure route. Ce que je trouve intéressant dans cette technologie sont les zones d’interférence avec nos sensations et puis l’adaptation à la réalité en termes de prévisions météorologiques.

Comment cette technologie a-t-elle transformé ton métier ?

Dans l’histoire de ce travail, tout a changé ! Aux débuts de la navigation, ils étaient au sextant et se positionnaient par rapport au soleil. Aujourd’hui on a des téléphones satellites qui nous fournissent cette information. On peut avoir ces prévisions tous les jours. À l’époque, les bateaux subissaient les éléments naturels. Ils savaient plus ou moins où étaient les zones dangereuses à éviter. Mais à part regarder les nuages et la pression des baromètres, ils n’avaient pas beaucoup d’informations en termes de prévision. Aujourd’hui, la possibilité de faire des routages a fortement changé la performance, puisqu’on peut se positionner et ajuster sa route chaque jour. Après, c’est un outil de performance, mais aussi de sécurité. Le routage nous permet d’éviter les zones dangereuses et de les identifier en avance. Il s’agit toujours des mêmes marins, mais les outils d’aujourd’hui aident à pousser les records, et la voile en tant que sport a changé.

Quelle a été ta plus grande mésaventure technologique ?

Avec cette technologie, on risque d’oublier que l’outil de routage en navigation n’est qu’un modèle. Faire trop de confiance à la technologie une fois m’a fait louper une bonne partie de la course. La prévision m’a donné un trait très clair à suivre et j’ai perdu la lucidité d’analyser justement la partie traditionnelle de calcul, de ce qui se passe vraiment sur l’eau. Et du coup, je suis rentré dans un piège : il n’y avait plus de vent ! Sinon un grand souci pour la technologie est aussi la corrosion de tout ce qui est électronique…j’ai eu pas mal de corrosion. La technologie et la mer ne s’aiment pas trop.

Quels sont les peurs technologiques qui te réveillent la nuit ?

Je suis un pacifiste et je ne peux pas comprendre les personnes qui investissent leur énergie dans la technologie qui tue les autres. Au fond, la technologie n’est le problème. Je trouve la technologie intéressante, elle a plein de potentiel…elle peut nous aider. Mais malheureusement, dans notre société, les gens qui nous aident à tuer les autres sont ceux qui sont le mieux payé. Et puis vu ce que l'homme développe, et la vitesse à laquelle il progresse, le développement d'armes et de technologies potentiellement nuisibles suit la même tendance, ce qui m'inquiète.

J’aimerais inventer la technologie suivante…

J’aimerais bien trouver une technique qui permettrais aux gens d’appuyer sur un bouton pour se remettre heureux et se rappeler de ce qui est important dans la vie. En tout cas j’aimerais inventer une technologie à l’inverse de ma réponse à ta question précédante.

Pour suivre Felix et son projet de voile, rendez-vous sur son site web www.felixoberle.com.

Pour commenter, sélectionner plus de 20 caractères dans le texte et cliquer sur la bulle.

Les remarques utiles sont les bienvenues. Les commentaires sont modérés.